Archives de catégorie : Enseigner avec les SIGH

Projet pilote de cartographie web des marchands de Montréal vers 1880

Liens rapides:
Carte web de démonstration utilisant un logiciel à code ouvert (Carto.com):
Annuaires Lovell de Montréal 1880-81 carte de base
https://canadian-hgis.carto.com/builder/70212344-415a-11e7-9fef-0e3ff518bd15/embed 
Carte finale des marchés et des maisons des marchands de Montréal – avec widget
https://canadian-hgis.carto.com/builder/a20b5b37-52ed-417b-b6fa-f73d618d6fcd/embed
Cartes web de démonstration ArcGIS Online:
Annuaire Lovell de Montréal en 1880 application web de base : Couches d’origine et carte de base ArcGIS.
Marchés et maisons des marchands de Montréal vers 1880 avec filtres
http://hgisportal.esri.ca/portal/apps/MapAndAppGallery/index.html?appid=f081eb9a363c46caa37c77d132def423

Pour des documents détaillés sur le développement des projets pilotes, voir les liens à la fin de cet article.

Montréal, l’avenir du passé (MAP) est un projet qui a marqué l’histoire canadienne des SIG historiques canadiens. Les professeurs Sherry Olson, Robert Sweeny et leurs collaborateurs de l’Université McGill ont recensé, cartographié et analysé plusieurs ensembles de données fondamentales pour comprendre le contexte de l’histoire urbaine de Montréal au XIXe siècle : le tissu urbain incluant les types de bâtiments tirés des cartes historiques de 1825, 1846 et 1880, les données démographiques d’un certain nombre de recensements, des informations à propos des résidents et des entreprises provenant d’annuaires. Leur site web, basé à l’Université Memorial, explique en détail ces données et les diverses applications mises à disposition des chercheurs et des étudiants. (http://www.mun.ca/mapm/)

Cependant, dans le cadre de la discussion ouverte à notre réunion du projet Geohistory/Géohistoire en août 2016, notre collaborateur Robert Sweeny a exprimé sa déception (si je peux paraphraser) de ce qu’on pourrait appeler la promesse ratée de la cartographie en ligne. La cartographie interactive et les outils SIG ne devraient pas limiter les utilisateurs aux résultats de recherches préalablement orientées, comme les cartes imprimées ont pu le faire. Ces outils devraient permettre une exploration active des données SIG historiques, comme poser des questions nouvelles ou imprévues, établir des relations spatiales nouvelles ou imprévues, en bref, permettre à l’utilisateur d’utiliser des outils SIG pour explorer et analyser des données dans un environnement en ligne.

De nombreuses voix dans le public se sont levées pour assurer Robert que les applications et outils SIG en ligne étaient en cours de développement à ce moment-là et qu’elles permettraient bientôt le type d’enquête qu’il prévoyait et attendait. Comme prévu, ces outils ont émergé au cours des deux dernières années, à la fois dans la communauté utilisant les logiciels libres (open source) et dans le monde d’ArcGIS Online. Robert était peut-être un peu sceptique, mais il restait prêt à être convaincu. Ainsi, lors de la recherche de projets pilotes de cartographie web pour notre partenariat à la fin 2016, nous lui avons posé une question : trouverait-il un scénario pour prouver que les outils SIG en ligne avaient atteint leur maturité? Que les élèves de sa classe, qui avaient toujours eu besoin de logiciels SIG complets, pouvaient maintenant utiliser un navigateur web?

WRobert a répondu avec un « [traduction] scénario pour les marchés basé sur l’application QGIS de MAP créée à partir des annuaires Lovell » qui figure en annexe 1 dans les documents de développement disponibles via les liens ci-dessous. Pour citer une section pertinente :
« [traduction] comme dans de nombreuses régions du monde, les Montréalais du 19e siècle achetaient la majeure partie de leur nourriture dans les marchés… D’ouest en est, Saint-Gabriel, Saint-Antoine, Sainte-Anne, Saint-Laurent, Saint James et Papineau avaient leur propre marché, alors que le Marché Bonsecours, sur la rue Saint-Paul, servait de marché principal. Dans les annuaires Lovell, il était fréquent que les personnes qui louaient des étalages sur les marchés de détails indiquent également leur adresse domiciliaire. Dans cet exercice, nous comparerons cette information résidentielle avec d’autres variables pour évaluer le caractère de ces différents marchés. »

Les « autres variables » du scénario Robert sont les professions. Il a décrit une méthode utilisant QGIS pour établir des liens entre les lieux de travail des marchands et leurs emplacements résidentiels (ainsi que ceux qui pourraient être déterminés). Il a ensuite suggéré que le type d’occupation pourrait illustrer différentes tendances par rapport au type d’habitation ou à la distance entre le marché et le domicile des marchands. Identifier ces emplacements et dessiner les lignes de liaison entre eux ouvre de nombreuses possibilités d’analyse.

C’est ce que nous avons tenté de faire, en utilisant d’abord Carto, un logiciel libre et gratuit (open source), puis en utilisant ArcGIS Online. Les cartes finales qui illustrent l’emplacement des maisons et des lieux de travail des marchands se ressemblent beaucoup (comme on pourrait l’espérer!). Les vues par défaut sont illustrées ci-dessous : la carte Carto montrant toutes les catégories professionnelles, la carte ArcGIS Online montrant les symboles et les lignes pour les bouchers seulement.

Carto user view showing ALL vendors and connections

Vue utilisateur Carto montrant TOUS les marchands et toutes les liaisons

ArcGIS Online App filtered to show points and connections only for "Butchers"

Application ArcGIS Online filtrée pour afficher les points et les liaisons pour les bouchers.

Remarque: Contrairement à nos autres projets pilotes, qui mettent l’accent sur la fonctionnalité et la personnalisation du codage pour la conception et la présentation des cartes, ce projet vise avant tout à permettre à l’utilisateur d’analyser et d’explorer les données de manière interactive. Par conséquent, plutôt qu’une présentation du code requis pour produire une carte web finale, notre documentation détaillée consiste en un processus étape par étape pour utiliser les derniers outils en ligne de Carto.com et d’ArcGIS Online (à la mi-2017) pour atteindre les objectifs de l’exercice.

Il y a des similitudes et des différences dans la façon dont les deux ensembles d’outils traitent les opérations et les produits finaux sont certainement distincts. Cependant, il y a plus de similitudes que de différences – ce qui suscite un débat intriguant entre beaucoup de personnes faisant de la cartographie web : qui suit qui? Nous n’avons pas l’espace pour explorer cette question ici, mais n’hésitez pas à publier vos propres commentaires ci-dessous.

Certaines des similitudes sont superficielles. Par exemple, les outils pour réaliser ces produits sont des ajouts assez récents à leurs boîtes à outils en ligne. Les deux suites de logiciels les rassemblent dans ce qu’ils appellent tous les deux des outils « d’analyse ». Leurs interfaces d’édition sont similaires, comme illustrées ci-dessous. Carto utilise un outil « Analysis » de Carto Builder appelé « Connect with Lines », pour créer des liens entre les points. ArcGIS Online utilise un outils « Analysis » nommé « Connect Origins and Destinations » pour obtenir un résultat similaire. Cependant l’outils AGOL est en fait construit pour faire l’analyse de réseau et des itinéraires, et a des applications potentielles beaucoup plus sophistiquées, alors que l’outil Carto se limite à faire des liens en ligne droite entre des points.Table Connect with lines AGOL and Carto

Malgré les limites relatives de l’outil Carto, il permet d’atteindre les objectifs de ce projet. De plus, sa simplicité le rend plus facile à utiliser et plus tolérant face au manque de données que l’outil AGOL. Par exemple, l’ensemble de données issu de l’annuaire Lovell de Montréal s’est avéré avoir plus de lieux de travail que de lieux d’habitations – tous les lieux de marchés n’avaient pas toujours de lieux d’habitation correspondants. De plus, certains lieux de travail avaient beaucoup plus d’un emplacement « habitation » associé à eux. L’outil Carto a passé outre ces divergences et a dessiné des lignes entre tous les points correspondants sans aucun problème. L’outil AGOL, d’un autre côté, a affiché les messages d’erreurs suivants :

AGOL O-D error message table

Messages d’erreur ArcGIS Online pour Origins-Destination

Donc, pour que l’outil AGOL Origin-Destination fonctionne pour nos objectifs, il a fallu effectuer une manipulation importante des données – tout cela est décrit dans la documentation détaillée pour ceux qui sont intéressés.

Cela ne veut pas dire que l’inconscience des écarts de données est toujours une vertu. Le dépannage des problèmes de données pour l’outil AGOL a fourni une bien meilleure compréhension des points de lieux de travail qui se connectaient réellement aux points d’habitation. Au contraire, il s’agit simplement de dire que, comme d’habitude, il faut s’assurer que pour toute tâche analytique, le bon outil pour le travail est identifié et utilisé.

À mon avis, AGOL et Carto offrent tous deux des outils interactifs en ligne qui permettent de cartographier des données. Ils ont du moins été suffisants pour réaliser le scénario que Robert Sweeny avait souhaité pour ses étudiants et d’autres utilisateurs du projet de Montréal, l’avenir du passé. Cependant, la question demeure : est-ce un environnement efficace pour faire ce genre de travail? Les SIG et autres fournisseurs de logiciels mettent de plus en plus de fonctionnalité dans un « logiciel de service » basé sur un navigateur, livré en ligne. Les avantages sont évidents : tout appareil de navigation peut accéder à ces outils SIG, rien ne doit être installé localement, ce qui se traduit par un accès beaucoup plus large pour les utilisateurs. Les inconvénients : limitations dans les outils de traitement, limitation dans la conception de l’interface et des symboles et limitation du nombre de vues autorisées sans payer de frais. La question de savoir ce qui convient le mieux à un groupe d’étudiants ou à d’autres utilisateurs nécessite un équilibre entre ces limitations.

N’hésitez pas à écrire vos commentaires sur ces projets pilotes en utilisant l’espace ci-dessous.

Pour plus d’informations sur le travail effectué sur ces projets pilotes de cartes web, nous avons rendu disponibles nos documents de développement technique via les liens ci-dessous.

LIENS VERS LA DOCUMENTATION

Les marchands de Montréal vers 1880: document de développement avec un logiciel libre (open source)

Les marchands de Montréal vers 1880: document de développement avec ArcGIS Online

Edelson_MapScholar

Utiliser Mapscholar.org pour mettre les cartes Murray du Canada (ca 1761) en ligne

Billet de S. Max Edelson, University of Virginia

Ce semestre, je mène un groupe d’universitaires de l’Université de Virginie dans un cours de sciences humaines collaboratif et par projet pour mettre les cartes Murray du Canada en ligne dans une exposition numérique dynamique. En tant que séminaire sélectif du Pavillon, cette « Pratique numérique dans l’histoire de la carte » est une expérience pratique qui combine la lecture, l’écriture et la discussion traditionnelle avec un atelier de développement des sciences humaines numériques. Cela implique un regard interdisciplinaire sur l’histoire de la cartographie, du design visuel, des sciences humaines numériques, de l’histoire publique et de l’histoire mondiale de l’empire.

Alors que les bibliothécaires analysent le contenu de leurs archives cartographiques, préservant des artefacts fragiles en créant des images de haute résolution, de nouveaux outils sont développés pour présenter ces objets historiques à un large public. L’un de ces outils est MapScholar, un outil en réseau pour la création de visualisations utilisant un navigateur web conçu pour illustrer les recherches en histoire de la cartographie. Avec le soutien de l’ACLS et du NEH, le chercheur Bill Ferster et moi-même avons construit MapScholar au SHANTI (Sciences, Humanities, and Arts Network of Technological Initiatives) de l’Université de Virginie. Mon objectif principal était de construire une plate-forme dynamique pour afficher quelque 300 cartes qui font l’objet de mon prochain livre, The New Map of Empire: How Britain Imagined America before Independence (Harvard University Press, 2017). Parmi les nombreuses cartes que j’ai examinées pour cette recherche, j’ai été intrigué par la collection de cartes Murray à la William H. Clements Library de L’Université du Michigan. Cette grande collection de manuscrits, qui est également détenue par la British Library et Bibliothèque et Archives Canada, a semblé être une source idéale pour être montrée et visualisée en ligne. Réunir toutes ses pièces disparates grâce au géoréférencement nous permet d’apprécier pleinement la portée et l’ambition de cette étude du XVIIIe siècle et du projet de cartographie.

Lorsque les forces britanniques ont occupé la Nouvelle-France en 1760, le gouverneur militaire du territoire, le général James Murray, a lancé une enquête approfondie sur ce qui deviendrait, après la cession officielle en 1763, la colonie britannique de Québec. L’incitation à cartographier le Québec venait des conceptions militaires plutôt qu’administratives. Murray s’attendait à ce que la province soit rendue à la France après la négociation de la paix et il voulait rassembler des informations stratégiques qui pourraient être utiles à une invasion future. Comme Murray l’a expliqué à William Pitt en 1762, avec ce sondage en main pour révéler les passages complexes le long des cours d’eau de la vallée du fleuve Saint-Laurent, la Grande-Bretagne « ne sera plus jamais perplexe quant à la manière d’attaquer et de conquérir ce pays en une seule campagne. » Murray a envoyé huit ingénieurs de l’armée pour mener des enquêtes sur différentes sections de la rivière. La carte composite qu’ils produisaient contenait 74 sections cartographiées séparément qui, lorsqu’elles étaient réunies, formaient une image interconnectée de 45 pieds le long et 36 pieds de hauteur. Représentant un espace à l’échelle de deux mille pieds par pouce, ces cartes figuraient parmi les cartes topographiques de la plus haute résolution produites par les arpenteurs du XVIIIe siècle. La conception des cartes de Murray comme profil stratégique de la province a été précisée par l’ajout de résumés démographiques qui énumèrent combien d’hommes capables de porter des armes vivaient dans chaque district.

Les conservateurs en cartographie Brian Dunnigan et Mary Pedley à la William L. Clements Library de l’Université du Michigan ont fourni des documents numériques à haute résolution de la carte Murray et ont rencontré les élèves de la classe par vidéoconférence pour nous aider à le développer. En participant au géoréférencement des cartes, à la conception de visualisations dynamiques, à l’enregistrement de métadonnées, à la gestion des ressources Web distribuées et à l’écriture d’essais et d’annotations qui fournissent un contexte et une interprétation, les élèves auront une expérience de première main dans le domaine des sciences humaines numériques.

Nous venons de commencer à géoréférencer la collection. Je vais fournir des mises à jour sur nos progrès dans une future publication.

S. Max Edelson est professeur agrégé à l’Université de Virginie au Corcoran Department of History .

Cartographiez votre histoire! Construire et partager une infrastructure de données spatiales historiques avec Keweenaw Time Traveler Project

Alors que le SIG historique (SIGH) est devenu une approche familière dans les sciences sociales et humaines (Gregory et Geddes, 2014), les tendances récentes de l’utilisation des SIG dans les sciences sociales ont requis des mises en oeuvre des SIGH qui peuvent appliquer des approches SIGH découlant de la datamasse (Big Data) à des questions de recherches plus qualitatives et, peut-être plus important encore, impliquer davantage le public. Les approches vont de permettre aux utilisateurs de contribuer à la recherche SIGH en utilisant des interfaces Web améliorées, telles que le New York Public Library’s Building Inspector, à l’expansion de la recherche qualitative SIGH (Olson, 2011; Lafreniere et Gilliland, 2015). Dans le monde des sciences SIG, les chercheurs ont développé des combinaisons d’outils qualitatifs et quantitatifs hybrides qui élargissent encore le potentiel de la recherche en SIG (Kwan and Ding, 2008; Jung et Ellwood, 2010). Ces derniers sont plus récemment devenus des sujets d’intérêt pour la communauté SIGH. Faisant parti de cette tendance,  Michigan Technological University’s Historic Environments Spatial Analytics Lab (HESAL) se prépare à lancer le Keweenaw Time Traveler project – combinant la dernière génération d’infrastructure de données spatiales historiques avec la technologie Web 2.0 et la diffusion publique de manière à favoriser des liens plus étroits entre la recherche et le public en rendant l’histoire à la fois amusante et accessible.

 

Notre sujet en bref: le Pays du Cuivre

Le Keweenaw Time Traveler Project (KeTT) apporte au public un SIGH régional axé sur le Pays du Cuivre du Haut-Michigan, une région du Midwest des États-Unis qui contient les plus grands gisements de cuivre pratiquement pur, élémentaire ou natif. Les Amérindiens ont exploité cette ressource pendant des milliers d’années; un boom de cuivre industriel subséquent au milieu du 19e siècle a conduit la région à devenir le plus grand fournisseur mondial de cuivre dans les années 1880, avec une population en croissance rapide et une infrastructure minière massive construite rapidement dans ce qui était une nature sauvage éloignée bien que spectaculaire. À la fin de la Première Guerre mondiale, les facteurs économiques associés au coût croissant de l’extraction ont entraîné une longue et lente baisse de l’économie minière du Pays du Cuivre, se terminant par la fermeture des dernières mines à la fin des années 1960. Lorsque l’activité minière a cessé, toute la région est devenue un vaste site d’archéologie industrielle, un paysage de vestiges. Aujourd’hui, la taille de la population n’est qu’une fraction de son sommet historique et la base économique du Pays du Cuivre se concentre maintenant dans les domaines du service et du tourisme. L’identité locale reste toutefois étroitement liée au patrimoine minier de Keweenaw et la région attire autant les visiteurs pour son histoire minière que pour sa beauté naturelle.

www.mapyourhistory.org
www.mapyourhistory.org

Construire la fondation du KeTT: Jeux de données et CC-HSDI

Le Keweenaw Time Traveler bénéficie de la richesse des données historiques trouvées dans son domaine d’activité géographique. Les plus grandes sociétés minières historiques de cuivre de la région, telles que les sociétés minières Calumet & Hecla ainsi que Quincy, figuraient parmi les grands géants industriels de leur époque. L’échelle de leur entreprise nécessitait une vaste infrastructure industrielle, ainsi que des villes de compagnies pour loger leurs travailleurs. Ces dernières devaient être conçues, construites et financées. Par conséquent, la plupart des villes et des grands sites miniers dans le Pays du Cuivre sont extraordinairement bien documentés sous la forme d’un vaste ensemble de plans d’assurance-incendie Sanborn (PAI), des cartes produites par les compagnies minières dont les détails surpassent même les PAI, des dessins et des bleus. À l’ère du paternalisme corporatif et des pratiques de gestion scientifique, les sociétés minières ont également largement documenté la vie de leurs travailleurs et de leurs familles. L’équipe de KeTT a commencé la numérisation d’une richesse sans précédent de dossiers détaillés sur le logement de l’entreprise, les dossiers des employés et les dossiers de santé qui fournissent beaucoup plus d’informations que les données de recensement standard. Ceux-ci sont combinés avec les données décennales du recensement du Minnesota Population Center, les annuaires commerciaux et téléphoniques et les dossiers scolaires afin de donner un aperçu unique et détaillé de l’histoire d’une région entière jusqu’au niveau de l’individu au cours d’un siècle.

Le coeur du projet est le Copper Country Historical Spatial Data Infrastructure (CC-HSDI) (Infrastructure de données spatiales historiques du Pays du Cuivre), une nouvelle implémentation de SIGH de nouvelle génération conçue pour faciliter la recherche quantitative et qualitative tout en favorisant l’engagement du public avec l’histoire locale et le concept de SIGH lui-même. À l’aide d’ArcGIS Desktop, ArcGIS Server et d’une base de données géospatiales PostgreSQL, le CC-HSDI comprend  une série de cartes en réseau (map service) ESRI constituées de cartes géoréférencées ou de PAI divisés en une série de tranches de temps à peu près égales aux années de recensement (en plus des collections de cartes plus petites pour les autres années). La construction de ce service de carte a présenté un défi initial pour l’équipe de KeTT, car la taille de chaque service de carte (représentant une seule ville et une seule année) exigeait des dizaines de gigaoctets et nécessité la création d’un serveur dédié PostreSQL au Michigan Tech. L’expansion ultérieure de la HSDI nécessitera que ces services migrent vers une installation de serveur à échelle industrielle hors site (Amazon AWS) dans un avenir rapproché.

L’environnement historique de chaque tranche de temps construit dans le CC-HSDI est ensuite numérisé à la main à partir des cartes en réseau, ce qui donne lieu à plus de cent mille polygones d’empreinte immobilière (ainsi que des routes, des lignes ferroviaires et quelques autres éléments d’infrastructures). Ces fichiers SIG de polygones servent de point d’ancrage géographique pour toutes les données historiques non cartographiques du CC-HSDI que nous avons mentionnées précédemment et constituent « l’étape de l’environnement bâti » du HSDI (suivant le modèle de Lafreniere et Gilliland, 2015). Cette étape comprend non seulement l’empreinte du bâtiment elle-même, mais d’autres données pertinentes transcrites des PAI, y compris l’aménagement spatial, les adresses et un certain nombre d’histoires pour chaque bâtiment.

Liées à l’étape de l’environnement bâti, les bases de données géospatiales comprennent des sources non cartographiques comprenant les données de recensements, les répertoires d’entreprises, les annuaires téléphoniques et les dossiers d’entreprises et d’écoles. Ces enregistrements capturent l’environnement social de chaque tranche de temps avec des détails incroyables, comprenant par exemple la liste des élèves du primaire qui ont été vaccinés ou le profil médical des employés de l’entreprise minière. Associé aux données du recensement et aux données du répertoire des entreprises qui sont déjà des éléments de base de SIGH, cette « étape de l’environnement social » (selon Lafrenière et Gilliland, 2015) représente non seulement un pas en avant de la capacité des SIGH à contribuer à la recherche qualitative sur les environnements sociaux, mais fournit au public une multitude d’informations locales qui favorisent une connexion personnelle avec les SIGH.

The KeTT prototype web apps, developed in ArcGIS Online Web AppBuilder, allowed the team to gain valuable experience in developing requirements for the forthcoming full public launch of the KeTT Project.
Les applications web prototypes du projet KeTT développées dans ArcGIS Online Web AppBuilder ont permis à l’équipe d’acquérir une expérience précieuse dans le développement des exigences pour le prochain lancement public du projet complet de KeTT.

Sensibilisation et collaboration publiques: Le Keweenaw Time Traveler

Alors que CC-HSDI est un outil de recherche inestimable à part entière, le projet KeTT sert à faire découvrir au public une nouvelle façon de visualiser leurs environnements passés. Cela se fait grâce à l’utilisation d’applications Web. Chaque application représente une autre façon d’explorer ou de contribuer au SIGH. Le KeTT développe actuellement quatre applications Web différentes qui permettent au public d’interagir et de contribuer au HSDI. Ces applications Web fournissent à l’utilisateur des tâches allant des exercices d’interaction de carte historiques à faciliter la narration plus complexe :

  • Enregistrement de l’environnement construit avec le matériel de construction (en utilisant les codes de couleurs du plan d’assurance incendie)
  • Identifier et enregistrer le type d’utilisation général (structure d’habitation, commercial, institutionnel)
  • Transcrire un texte de carte descriptif pour les bâtiments individuels
  • Contribuer en fournissant des histoires personnelles et des souvenirs sur des endroits spécifiques sur les cartes historiques

Initialement, l’équipe a utilisé le Web Appbuilder de ArcGIS Online pour créer et tester ces applications pour le KeTT. Les applications ArcGIS en ligne sont une excellente ressource pour les chercheurs en SIGH cherchant à partager des données avec le public. Les chercheurs ayant peu ou pas de connaissance en programmation peuvent rapidement convertir des données SIG en applications Web personnalisables, accessibles au public et qui profitent de l’infrastructure dorsale robuste d’ArcGIS Online. Cependant, les grands ensembles de données matricielles peuvent devenir coûteux à partager de cette façon, car la mise en place d’outils d’analyse géospatiale consomment des crédits ESRI. Après avoir construit plusieurs prototypes, l’équipe de KeTT a également réalisé qu’ils voulaient plus de contrôle sur les interfaces de l’application et sur la logique de programmation sous-jacente que les options offertes par le Web AppBuilder. Cela impliquait l’embauche d’un programmeur et le développement d’applications Web personnalisées en version JavaScript qui utilisaient la carte ESRI et les services de fonctionnalité de CC-HSDI. Malgré cela, ArcGIS Online Web AppBuilder s’est révélé inestimable pour la création de prototypes d’applications et a permis à l’équipe de développer des idées plus claires sur l’apparence des applications Web finales.

Le projet GRACE

Le projet KeTT a mis l’accent sur la sensibilisation et la participation du public comme composante essentielle de la construction du SIGH et non comme une ultime étape de diffusion ou d’utilisation finale. Les applications web ont permis d’atteindre cet objectif. Le projet  GRACE de l’été dernier a servi d’exemple du potentiel du projet KeTT. Le projet G.R.A.C.E. (GIS Ressources and Applications for Career Education project) (Ressources SIG et Applications pour le projet d’éducation professionnelle) est une collaboration financée par la NSF impliquant Dr. Yichun Xie, PhD, professeur/ directeur au Institute of Geospatial Research and Education de Easter Michigan University, Dr. Don Lafreniere chez HESAL de MTU, l’Université virtuelle du Michigan ainsi que plusieurs organisations SIG professionnelles à l’échelle de l’État. Le financement permet de dispenser une formation pratique sur l’utilisation des SIG aux étudiants et aux enseignants des communautés économiquement désavantagées. L’été dernier, le projet GRACE s’est associé au Keweenaw National Historic Park pour offrir des activités au Pays du Cuivre. Les stagiaires recrutés dans les écoles secondaires locales ont rejoint le HESAL du MTU à Houghton, Michigan, pour numériser les principales parties de l’environnement bâti de KeTT à partir des plans d’assurance incendie de Sanborn. Au cours du stage, les étudiants de GRACE ont non seulement appris à acquérir des compétences en SIG, mais ont également exploré l’histoire de leur communauté locale à un niveau de détail auquel peu de personnes ont accès. À la fin du stage, les stagiaires ont utilisé StoryMaps d’ArcGIS Online pour partager des parties de leur histoire locale qu’ils ont trouvées les plus intéressantes pendant leur travail avec les membres du public. L’équipe de KeTT estime que le projet GRACE était un excellent moyen d’impliquer la communauté locale de manière à offrir des avantages réels et à générer de la publicité dans le processus.

 

The GRACE project took high school students into the lab and field, helping to build the Copper Country HSDI while also using it to explore the historical built environment of their local community and, ultimately, to share their experiences through public presentations.
Le projet GRACE a permis aux élèves du secondaire de travailler dans le laboratoire et sur le terrain, en aidant à construire le HSDI du Pays de Cuivre tout en l’utilisant pour  explorer l’environnement bâti historique de leur communauté locale et, en fin de compte, partager leurs expériences par le biais de présentations publiques.

Prochaines étapes

Bien que beaucoup ait été accompli jusqu’à présent, le projet KeTT commence tout juste à se prendre son envol. Nous prévoyons dévoiler le projet au public ce printemps en remplaçant les applications Web bêta actuelles sur le site Web du projet par des applications Web complétées et personnalisées qui permettent au public d’explorer, d’interagir avec et de contribuer au Keweenaw Time Traveler. La sortie des applications finales coïncidera avec une nouvelle saison des activités de sensibilisation de l’équipe KeTT en partenariat avec Keweenaw National Historic Park et Keweenaw Heritage Sites afin de sensibiliser le public au projet. En plus du projet GRACE en cours, nous proposons des kiosques à écran tactile personnalisés à de nombreux événements publics autour de Keweenaw qui permettent aux utilisateurs d’utiliser les applications Web KeTT avec l’aide des membres de l’équipe KeTT et des partenaires. Restez à l’écoute sur www.mapyourhistory.org!

Références

Gregory, I. N. et Geddes, A. (2014). Toward spatial humanities: Historical GIS and spatial history. Bloomington: Indiana University Press.

Jung, J.-K. et Elwood, S. (2010). Extending the Qualitative Capabilities of GIS: Computer-Aided Qualitative GIS. Transactions in GIS, 14, 1, 63-87.

Kwan, M.-P. et Ding, G. (2008). Geo-Narrative: Extending Geographic Information Systems for Narrative Analysis in Qualitative and Mixed-Method Research. The Professional Geographer, 60, 4, 443-465.

Lafreniere, D. et Gilliland, J. (2015). “All the World’s a Stage”: A GIS Framework for Recreating Personal Time-Space from Qualitative and Quantitative Sources. Transactions in GIS, 19, 2, 225-246.

Olson, S. et Thornton, P. A. (2011). Peopling the North American city: Montreal 1840-1900. Montreal: McGill-Queen’s University Press.

Enseigner les SIG historiques et restaurer les communautés perdues en classe

Ce texte fait partie d’une série d’articles sur l’utilisation des systèmes d’information géographique historiques (SIGH) pour l’enseignement et la recherche en histoire de l’environnement et de la géographie historique. Il s’inscrit dans le cadre d’une collaboration entre la Nouvelle initiative canadienne en Histoire de l’Environnement (NiCHE) et le Partenariat canadien en systèmes d’information géographique historiques. D’autres articles de la série sont disponibles ici. Si vous souhaitez contribuer à cette série, s’il vous plaît contactez les éditeurs Josh MacFadyen ou Jennifer Bonnell.

Les Canadiens sont en position de force dans le domaine de l’analyse géospatiale depuis l’élaboration de l’inventaire des terres du Canada et du premier système d’information géographique (SIG) au monde dans les années 1960 et 1970. De même, les historiens et les géographes ont fait de grands progrès dans la recherche sur les systèmes d’information géographique historiques (SIGH) au cours de la dernière décennie, comprenant plusieurs projets de NiCHE, une collection éditée en 2014 et le Partenariat canadien SIGH. Le Canada est grand. Et de façon typiquement moderniste, les scientifiques d’après-guerre, qui essayaient de le comprendre, ignoraient la connaissance des populations rurales, nordiques et autochtones qui comprenaient leur territoire. Au lieu de cela, les scientifiques se sont tournés vers des outils numériques comme les SIG pour examiner et mesurer la nation. Dans ce que nous croyons être une approche post-normale et intégrative, les historiens qui utilisent ces logiciels critiquent également les processus normatifs qu’ils ont aidés à créer. Mais le Canada est encore grand; ses bibliothèques, ses étudiants et d’autres ressources de connaissances sont très éloignés. Nos communautés de chercheurs emploient des outils numériques pour collaborer et communiquer les résultats à travers le continent. Ce billet met l’accent sur les étudiants qui utilisent ces outils et les nouvelles façons dont les historiens enseignent les SIG historiques en ligne. Cela a donné un coup d’envoi à une série de textes écrits par des collaborateurs de NiCHE et du Partenariat canadien SIGH sur les outils et les analyses géospatiales utiles pour les historiens canadiens.

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